L’astrologie : de la Babylone ancienne au New Age d’aujourd’hui

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Astrologie et Christianisme, ca va ensemble? L’astrologie est-elle une hérésie ? Qu’en dit le christianisme orthodoxe ? Les chrétiens peuvent-ils s’intéresser à l’astrologie ou même la pratiquer ? En tant qu’ancienne accro à l’astrologie, j’ai creusé le sujet pour comprendre comment l’astrologie occidentale est née, a évolué et a été perçue à travers les âges. Comprendre ses racines, son histoire et ses controverses du point de vue du christianisme orthodoxe permettra de répondre à ces questions.

Définition de l’astrologie

L’une des idées les plus anciennes de l’humanité est la croyance en une relation intime entre les corps célestes et les affaires de la vie.

L’astrologie est donc une tentative d’utiliser cette « relation » pour prédire l’avenir, mais aussi pour découvrir des aspects cachés du présent.

Au cours des siècles, les dirigeants orthodoxes ont à plusieurs reprises condamné l’astrologie, mais l’ont aussi adoptée.

Les origines de l’astrologie

L’astrologie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est née de l’astronomie dans l’ancienne Mésopotamie (l’actuelle région de l’Irak) avec les Sumériens, suivis des Assyriens et des Babyloniens. Au cours des 8e et 7e siècles avant J.-C., les Babyloniens ont développé une nouvelle approche philosophique de l’astronomie, qui a par la suite été adoptée et développée par l’astronomie grecque et hellénistique. Constatant que les planètes, le soleil et la lune suivaient la même trajectoire dans le ciel, ils divisèrent cette trajectoire en douze segments, les signes du zodiaque.

À l’origine, les Babyloniens s’intéressaient surtout aux liens entre les positions planétaires et les événements majeurs de la vie d’un souverain ou de l’histoire d’une région.

Il va sans dire que Babylone était une grande cite idolâtre dans le monde antique et que la religion babylonienne consistait en un vaste panthéon de dieux et de déesses. Les signes du zodiaque représentaient ainsi des divinités, avec la croyance que ces dieux et déesses essayaient de communiquer un message à l’humanité à travers les planètes et leurs mouvements.

La popularisation de l’astrologie

Plus tard, l’astrologie s’est répandue vers l’est, en Inde, et vers l’ouest, autour de la mer Méditerranée. C’est alors que l’idée d’étudier la configuration des planètes au moment de la naissance des gens ordinaires est devenue populaire. La nouvelle ambition était de connaître les caractéristiques des personnes et leur destin.

L’astrologie s’est développée en Égypte et en Grèce aux Ve et IVe siècles. Dans le monde greque (occidental), l’astrologie s’accordait bien avec l’organicisme, l’idée répandue (développée par le philosophe grec Platon) selon laquelle l’univers était un gigantesque organisme (un être vivant) au sein duquel tout était harmonieusement lié.

À l’époque de l’Empire romain, l’astrologie est devenue si répandue qu’elle a entraîné le déclin des grands oracles du monde antique, tels que l’oracle de Delphes (la Pythie).

Cependant, l’astrologie n’a pas été adoptée par tous les habitants de l’Empire romain. Certains grands écrivains romains (comme Pline l’Ancien dans son œuvre majeure, l’Histoire naturelle) rejetaient les affirmations selon lesquelles les astrologues connaissaient suffisamment les étoiles pour prédire l’avenir.

La condamnation de l’astrologie par le christianisme orthodoxe (IVe-Ve siècle)

Il a fallu plus de trois siècles au christianisme orthodoxe pour établir une position officielle sur l’astrologie, la qualifiant d’hérésie. De nombreux chrétiens de l’Église primitive la considéraient comme une pratique païenne, inadaptée aux disciples du Christ. C’est au Concile de Laodicée que l’Église a formellement condamné l’astrologie, en 364 ou 367 après Jésus-Christ.

Au cinquième siècle, le théologien le plus influent, Augustin d’Hippone, a complètement rejeté les astrologues. Il les a qualifiés d’« imposteurs » dans les dernières années de sa vie, bien que l’astrologie ait été l’un de ses centres d’intérêt dans sa jeunesse. Selon lui, si les astres peuvent influencer la vie des hommes, leur influence doit dépendre de la volonté de Dieu ou non.

Augustin rejette donc l’idée que les astres puissent agir indépendamment de Dieu, y voyant une forme d’athéisme. Il a également rejeté la dépendance divine des phénomènes astraux (l’idée que les astres dépendent de Dieu pour les événements) puisque les astrologues croient que les astres peuvent causer des événements néfastes — mais Dieu ne souhaite pas que des événements néfastes se produisent. Il conclut donc que la croyance en l’astrologie est hérétique, c’est-à-dire fausse et contraire au christianisme orthodoxe.

Le renouveau de l’astrologie pendant l’âge d’or islamique (VIIIe-XIIIe siècle)

Au début du Moyen Âge

(début de la période médiévale, 5e-10e siècle). L’astrologie a commencé à disparaître en raison de la sévère opposition de l’Église orthodoxe. Il devenait pratiquement impossible de trouver des textes permettant la pratique de cet art en Europe.

Ce sont cependant les musulmans qui ont ravivé une grande partie des anciennes connaissances astrologiques.

Pendant l’âge d’or de l’islam (VIIIe-XIIIe siècle), les érudits musulmans se sont efforcés de traduire en arabe et en persan l’ensemble des ouvrages classiques du monde entier. Ils ont traduit de nombreux ouvrages scientifiques majeurs de la Grèce, notamment ceux de Ptolémée (mathématicien, astronome et astrologue grec de renom). Ces traductions ont ouvert la voie aux penseurs astrologiques actuels, leur donnant accès à des connaissances du cosmos jusque-là oubliées.

Au XIIe siècle, grâce aux échanges de plus en plus nombreux avec les musulmans, les Européens redécouvrent l’intérêt pour les enseignements de la Grèce et de la Rome antiques. Certains ouvrages traduits en arabe ont ensuite été traduits dans d’autres langues, comme l’hébreu et le latin.

À la fin du Moyen Âge

(Fin de la période médiévale, 1300 à 1500). Vers 1260, Albert le Grand (Albertus Magnus), théologien, évêque et étudiant des écrits d’Aristote, écrit Speculum Astronomiae (Le miroir de l’astronomie) en réponse aux débats sur l’astrologie médiévale. Albert croyait au pouvoir des astres et défendait la divination céleste comme une forme de connaissance chrétienne. Il soutenait que les corps célestes transmettaient le pouvoir divin de Dieu et que la compréhension de ces influences permettait de comprendre le plan divin de la création.

Pour une étude universitaire sur ce sujet (en anglais) :
Albert the Great, the Speculum Astronomiae, and Astrology, par Scott Hendrix.

L’Église catholique

À cette époque, l’Église catholique ne se préoccupe plus autant de l’astrologie que par le passé (comme au temps de Augustin d’Hippone) ; sa principale menace et l’objet de son combat sont désormais l’hérésie chrétienne. D’ailleurs, Certains philosophes catholiques parmi les plus connus, comme Thomas d’Aquin et Pierre Abélard (XIIe siecle) ne voyaient aucun problème entre l’influence des corps célestes et le christianisme. De leur point de vue, il n’y avait pas de conflit tant que l’on ne disait pas que Dieu et le libre arbitre de l’homme étaient sous le contrôle des étoiles. Abélard a même nommé son fils Astrolabe, un instrument astronomique Perse permettant de mesurer la position des astres !

Mais ce n’était pas l’avis de tous les responsables de l’Église. Ils craignaient que la croyance en la puissance des corps célestes n’entre en conflit avec la foi en Dieu et soit par conséquent hérétique. En 1277, l’évêque de Paris, Étienne Tempier, a publié une condamnation dans un décret de 219 propositions philosophiques et théologiques qu’il était interdit de croire ou de discuter. Cette liste incluait l’astrologie, qui était l’un des domaines de connaissance les plus problématiques pour Tempier. Il semble toutefois que la condamnation n’ait pas entraîné une grande persécution des astrologues.

Cependant, des années plus tard, l’Église catholique a traité un cas exceptionnel impliquant l’astrologue italien Cecco D’Ascoli. En 1327, il meurt sur le bûcher pour avoir tenté de calculer l’horoscope du Christ, devenant ainsi le premier hérétique astrologique. En tant que professeur d’astrologie à la faculté de Bologne, Cecco D’Ascoli a été le premier universitaire à être brûlé par l’Inquisition.

L’horloge de Sainte-Marie à Venise, en Italie – l’une des nombreuses grandes horloges astronomiques publiques construites à travers l’Europe aux XIVe et XVe siècles.

La grande polémique de l’astrologie à la Renaissance (XVe – XVIe siècle)

Tout au long de la Renaissance (1400-1600), l’astrologie est redevenue un sujet de controverse, suscitant des débats parmi les théologiens orthodoxes et les philosophes chrétiens.

Acceptée comme vérité

L’astrologie est devenue un attribut accepté de la vision du monde orthodoxe et même des rois et des papes comme Léon X et Paul III avaient des astrologues personnels.

Marsilio Ficino, un occultiste italien, a avancé l’idée que les influences spirituelles des astres devaient être attirées et harmonisées dans la vie d’une personne pour qu’elle soit en bonne santé. Un autre philosophe italien, Giovanni Pico della Mirandola, croyait aux influences astrales, mais désapprouvait l’idée que l’on puisse prédire l’avenir à partir des planètes.

Pour Paracelse, alchimiste germano-suisse du XVIe siècle, médecin, astrologue et grand occultiste, l’astrologie était un élément très important de la médecine. Il insistait pour que les médecins maîtrisent l’astrologie afin que les effets célestes appropriés puissent être ajoutés aux médicaments. Paracelse croyait même aux talismans astrologiques pour guérir les maladies, avec des talismans pour différentes maladies et pour chaque signe du zodiaque.

La Renaissance est aussi l’époque de Nostradamus (années 1500), un astrologue et voyant (prophète, devin) français. Nostradamus est devenu populaire grâce à ses écrits prophétiques et en travaillant comme astrologue pour des gens de la noblesse.

Rejet en tant qu’hérésie

Bien que l’astrologie soit devenue si populaire au XVIe siècle, c’est aussi l’époque de la Réforme protestante. Il s’agit d’un mouvement théologique majeur dans le christianisme occidental, qui représente un défi religieux et politique à la papauté et à l’autorité de l’Église catholique.

En 1549, Jean Calvin, leader français de la Réforme, a publié une mise en garde contre l’astrologie judiciaire, en réponse à des leaders humanistes influents : Traité ou avertissement contre l’astrologie qu’on appelle judiciaire et autres curiosités qui règnent aujourd’hui au monde.

L’astrologie est dite judiciaire lorsque les observations du ciel sont utilisées pour distinguer le vrai du faux, en vue de porter un jugement sur les personnes.

La science et l’astrologie au siècle des Lumières (XVIIe-XVIIIe siècle)

Avec l’essor de la science et du rationalisme au Siècle des Lumières (1600-1700), les mouvements des corps célestes ont été expliqués par les lois physiques du mouvement. Plutôt que de considérer l’univers comme un grand être vivant (organicisme) comme à l’époque de la Grèce antique, le monde voit désormais l’univers comme une grande machinerie mécanique (Clockwork Universe). Ce concept philosophique, soutenu et popularisé par Isaac Newton, s’inscrivait parfaitement dans la fausse croyance du déisme .

Cette nouvelle vision du monde ne reconnaissait l’existence d’aucun lien entre la terre et le ciel, à l’exception de la gravité et de la lumière. Par conséquent, l’astrologie était de plus en plus considérée comme une pseudo-science. Une pseudo-science peut être définie comme « une discipline qui prétend être une science ou qui y ressemble beaucoup, mais qui est incompatible avec la science ». La découverte d’Uranus et de Neptune en 1781 et 1846 n’avait pas été prédite par l’astrologie, ce qui a encore réduit la crédibilité de cet art ancien.

Jusqu’alors, l’astrologie et l’astronomie faisaient partie de la même discipline. L’astronomie est la science naturelle qui étudie tout ce qui se trouve en dehors de l’atmosphère terrestre, tandis que l’astrologie s’intéresse à l’influence des astres. Les penseurs rationnels du Siècle des Lumières n’ont pas pu maintenir les deux disciplines ensemble plus longtemps.

Curieusement, de nombreux fondateurs de la science moderne étaient eux-mêmes des astrologues pratiquants, comme Galilée et Kepler.

Dans les temps modernes : L’astrologie dans le mouvement New Age (depuis XIXe siècle)

Le déclin de l’astrologie a commencé à s’inverser à la fin des années 1800. Il y avait un sentiment croissant que la science dominante ne pouvait pas saisir toute la réalité ni répondre à toutes les questions. Parallèlement, la foi dans le christianisme orthodoxe traditionnel perd de sa popularité. Il en résulte un intérêt général pour l’occultisme, avec des mouvements tels que le Spiritualisme et la Théosophie (ref. Helena Blavatsky et Alice Bailey, la première à avoir introduit le terme « New Age »).

Les magiciens rituels ont relancé l’astrologie en l’incluant dans leur mélange de « traditions ésotériques occidentales ». Celles-ci comprennent le gnosticisme, le rosicrucianisme, l’alchimie, la kabbale et l’hermétisme. Ces systèmes de croyance font essentiellement partie du « New Age » – un terme générique qui couvre un large éventail de sujets, un ensemble de croyances et de pratiques visant à apporter l’illumination.

Pour en savoir plus sur l’ésotérisme occidental (en anglais) :
The Western Esoteric Traditions: A Historical Introduction, by Nicholas Goodrick-Clarke
Voir Oxford Academic pour un extrait de ce livre.

Le retour de l’astrologie s’est accéléré dans les années 1930, avec la popularité des horoscopes quotidiens dans les journaux à grand tirage. La tendance a continué à se répandre au XXe siècle avec l’essor de l’industrie de l’édition, des périodiques pour les femmes au foyer et des magazines pour les adolescents. Il en va de même dans le monde de la radiodiffusion, où les horoscopes apparaissent dans les émissions de radio et de télévision, suscitant l’intérêt du monde occidental.

Depuis quelques années, l’astrologie est devenue beaucoup plus accessible par le biais du web, suscitant une nouvelle fascination pour l’ésotérisme et les pseudo-sciences. Le nom de Nostradamus semble refaire surface chaque année, donnant au monde des prévisions prophétiques sur ce qui pourrait arriver.

L’un des dangers actuels du christianisme est l’influence et l’infiltration croissante du New Age dans les églises. Cette menace banalisera subtilement les tendances occultes telles que l’astrologie, les considérant comme inoffensives et négligeant ainsi toute mise en garde et tout enseignement biblique à ce sujet.

L’astrologie, une hérésie ?

À travers les âges, dans le monde occidental, l’astrologie a connu des hauts et des bas, soit adoptée par de grands penseurs, ou condamnée comme une hérésie.

Bien que la science orthodoxe refuse de reconnaître une quelconque crédibilité à l’astrologie (la traitant ainsi d’hérésie), l’intuition d’un lien profond entre la vie quotidienne et les cieux persiste.

Cependant, du point de vue du christianisme orthodoxe et dans la lignée de l’un des plus grands pères de l’Église, Augustin d’Hippone, l’astrologie reste une hérésie et une pratique païenne condamnée par la Bible. En effet, nous avons suffisamment de preuves dans la Parole de Dieu que :

1) Il s’agit bien d’un art divinatoire interdit par l’Eternel (que cela « marche » ou non n’est pas la question ; les puissances des ténèbres peuvent faire « marcher » les choses)

2) Dieu a spécifiquement ordonné à son peuple de ne pas avoir affaire à cet art (Dt 18:9-14). Il est Souverain et nous a donné sa Parole pour vivre, et certainement pas des connaissances occultes mystérieuses. Nous n’avons pas à regarder aux astres, mais au Christ, l’unique et véritable étoile brilliante du matin (Ap 22:16).

Pour approfondir la question de l’astrologie, ce qu’elle est réellement et pourquoi Dieu l’a interdite a son peuple, voir mon étude complémentaire sur Pourquoi l’astrologie est sacrilège : 7 éclairages bibliques expliqués.

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