La puissante signification de Kyrios Iesous Christos

Le terme Kyrios Christos signifie en grec « le Seigneur Christ », « le Christ Seigneur » ou « la Seigneurie (ou la Royauté) du Christ ». L’expression complète est Kyrios Iesous Christos : Seigneur Jésus-Christ.

Dans ce post, nous allons nous pencher sur ce principe fondamental de la foi chrétienne : la royauté du Christ et ce qu’elle signifie expressément.

Kyrios

Pour commencer, considérons le mot grec Kyrios (κύριος). Voici ce que nous donne la BLB (Blue Letter Bible) :

Mot racine (étymologie) : De kuros (suprématie)

Application dans la Bible :
I. celui à qui appartient une personne ou une chose, sur laquelle il a le pouvoir de décision ; maître, seigneur
A. Le propriétaire disposant d’une chose
i. le propriétaire ; celui qui a le contrôle sur la personne, le maître
ii. dans l’Etat : le souverain, le prince, le chef, l’empereur Romain
B. un titre d’honneur exprimant respect et révérence, par lequel les serviteurs saluent leur maître
C. ce titre est donné à : Dieu, le Messie

Définition de Strong (Strong’s G2962) : κύριος kýrios, koo’-ree-os ; de κῦρος kŷros (suprématie) ; suprême en autorité, c’est-à-dire (en tant que substantif) contrôleur ; par implication, Maître (en tant que titre respectueux) :-Dieu, Seigneur, maître, Monsieur.

Généralement traduit dans la Bible Louis Segond 1910 par : Seigneur (671 fois), Dieu (3 fois), maître(s), empereur,

Dans cette optique, examinons la signification du terme Kyrios Christos.

(Ce que partage ci-dessous est basé sur l’ouvrage du théologien français Oscar Cullman La Royauté du Christ et l’Église dans le Nouveau Testament, Cahiers bibliques de Foi et Vie, 1941.)

Le Christ règne en tant que roi

Dans le Nouveau Testament, la croyance en la royauté exercée par le Christ est exprimée de manière classique dans toutes les Écritures qui font référence au Christ « assis à la droite de Dieu » et à « l’assujettissement de tous ses ennemis ».

Cela suit le modèle du Psaume 110, considéré comme faisant référence à la royauté du Christ :

Psaumes 110 – Le Roi-Prêtre

1Psaume de David.
Déclaration de l’Eternel. Il dit à mon Seigneur :
« Viens siéger à ma droite
jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis à terre sous tes pieds. »
2L’Eternel étendra de Sion ton pouvoir royal,
et tu domineras parmi tes ennemis.
3Au jour où tu ranges tes forces en ordre de bataille,
ton peuple est plein d’ardeur
et, du sein de l’aurore,
dans de saintes parures,
tous tes jeunes guerriers se presseront vers toi comme naît la rosée.
4L’Eternel l’a juré, il ne reviendra pas sur son engagement :
« Tu seras prêtre pour toujours
selon la ligne de Melchisédek. »
5Le Seigneur, à ta droite,
va écraser des rois au jour de sa colère.
6Il exerce le jugement parmi les peuples ; les cadavres s’entassent,
il écrase des chefs de par la terre entière.
7En chemin, le roi s’abreuve au torrent,
puis relève la tête.

Cependant, l’expression absolue de cette croyance se trouve en Philippiens 2.9-11, un psaume chrétien primitif de type « credo » :

9C’est pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, 10pour qu’au nom de Jésus tout être s’agenouille dans les cieux, sur la terre et jusque sous la terre, 11et que chacun déclare : Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

Ainsi, Dieu a conféré, à partir d’un moment précis, à Jésus-Christ le titre de « Seigneur » (hébreu : Adonai ; grec : Kyrios), qui lui appartient à lui seul (Dieu) (Phil. 2.10), ce qui signifie que le Christ règne en tant que Roi non seulement sur nous, les hommes, mais aussi sur les puissances invisibles dans les cieux, sur la terre et sous la terre. Les « ennemis » cités dans le Psaume 110 renvoient aux puissances invisibles et hostiles.

Le Christ, maître de toute la création

Un des credo chrétiens les plus anciens se compose des trois mots suivants : Kyrios Jesus Christos – Jésus-Christ est Seigneur.

Pour les premiers chrétiens, cela signifiait que le Christ n’était pas seulement le véritable gouverneur des hommes, comme le prétendait l’empereur romain, mais aussi le gouverneur de toute la création visible et invisible. Il est essentiel d’en tenir compte pour saisir le véritable sens de ce premier credo chrétien primitif.

Dans l’épître aux Romains, ce que Paul appelle « confesser de la bouche » consiste également à confesser que Jésus est le Kyrios (Rm 10.9). Partout où ce bref credo (Kyrios Jesus Christos) est approfondi, il est toujours explicitement indiqué que les puissances invisibles sont soumises au Christ, comme dans la déclaration de Philippiens 2.10 déjà citée.

Il faut comprendre que l’assujettissement des puissances et des principautés au Christ a été spécifiquement cité après « l’assise à la droite de Dieu ».

Outre Philippiens 2.10, nous pouvons mentionner I Pierre 3.22, qui déclare : … « qui, depuis son séjour au ciel, est à la droite de Dieu ; les anges, les autorités et les puissances lui ont été soumis ». A cela s’ajoute I Timothée 3.16 : « vu par les anges ».

Il convient également de noter qu’en Matthieu 28.18, le Seigneur ressuscité introduit le commandement de baptiser toutes les nations avec les mots suivants : « tout pouvoir (πãσα Çovoía) m’a été donné dans le ciel et sur la terre ».

Le Christ, médiateur de la création

Cette croyance en la domination permanente du Christ sur toutes choses était au cœur de la foi chrétienne primitive. En outre, elle correspond au fait que, dans le Nouveau Testament, le Christ apparaît également comme le médiateur de l’œuvre divine de la création : « … c’est en lui que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, souverainetés, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. » (Col. 1.16).

On retrouve la même pensée dans I Corinthiens 8:6 et Jean 1 : « par qui tout existe », et dans Hébreux 1.1-2 : « c’est par lui aussi qu’il a créé l’univers ».

Il est donc évident qu’à la fin des temps, lorsque Dieu créera un « ciel nouveau et une terre nouvelle », le Christ sera aussi le médiateur de cette nouvelle création. La grande catastrophe de la fin des temps, lors de la seconde venue du Christ, que les premiers chrétiens attendaient déjà, sera (tout comme l’acte créateur de Genèse 1 « au commencement ») un acte souverain de Dieu avec un décret (I Thess. 4.16), qui ne peut être comparé qu’à ce premier décret : « Que la lumière soit ! ».

Le Christ était le médiateur de la création « au commencement » ; le Christ sera aussi le médiateur de la nouvelle création à la fin des temps.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la confession chrétienne traditionnelle de la croyance au Christ « Le Seigneur », selon laquelle le Christ règne désormais sur toute la création, visible et invisible, dans les cieux, sur la terre et sous la terre.

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Le Christ, chef de l’Église

En Colossiens 1.14-17, le Christ apparaît non seulement comme le médiateur créatif de toutes les « choses visibles et invisibles », mais aussi comme celui qui réalise la « réconciliation » avec Dieu de toutes choses, « aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel ». Dans ce grand contexte cosmique, nous lisons au verset 18 que le Christ est aussi la tête du corps, qui est l’Église.

Colossiens 1.14-17 est essentiellement un passage sur la prééminence du Christ :

…en qui nous sommes rachetés, pardonnés de nos péchés. Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. En effet, c’est en lui que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, souverainetés, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il existe avant toutes choses et tout subsiste en lui.

Par ailleurs, l’épître aux Éphésiens nous donne un aperçu très clair de la relation entre l’Église et la création : « Il a tout mis sous ses pieds et il l’a donné pour chef suprême à l’Église » (Eph 1.22). Et selon Hébreux 1.14, même les anges sont envoyés au service du Christ « en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ».

Quelle beauté et quelle puissance !

Il existe clairement une relation entre la rédemption et la création, et le fait d’y réfléchir apporte une nouvelle dimension à l’œuvre de Jésus-Christ sur la croix.

Kyrios Iesous Christos: Seigneur de la création et Seigneur de l’Église

Dans le Nouveau Testament, la relation entre la royauté du Christ et l’Église du Christ est fondée sur la cohésion qui lie l’ensemble de la création à l’homme. Il ne faut donc pas s’étonner qu’en Matthieu 28.18, lorsque le Christ ressuscité donne l’ordre d’établir l’Église (qui est implicite dans l’ordre de baptiser toutes les nations), il rappelle également à ses disciples le pouvoir sur toute la création qui lui a été donné : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre ».

Le terme pour « roi » dans le Nouveau Testament est le grec basileus (βασιλεύς). Il est utilisé dans la Bible pour signifier un « leader, prince, commandant, roi, ou roi des juifs ».

Ainsi, en tant que Kyrios (Adonaï), le Christ est avant tout le Seigneur de la création. En tant que basileus (souverain, roi), il est Roi des Juifs (Mt 2,2 ; 27,11 ; Marc 15,2, 26 ; Luc 23,3, 37 ; Jean 18,33, 39), Roi d’Israël (Mt 27,42 ; Marc 15,32 ; Jean 1,49 ; 12,13), et surtout Seigneur de l’Eglise. Et partout où il y a une résistance à la prétention de l’empereur romain d’être Kyrios, le titre de Kyrios se réfère également à la domination du Christ sur Israël et sur l’Église.

De plus, la royauté du Christ inclut sa domination sur la création lorsqu’il est décrit comme le « roi des rois et le Seigneur des seigneurs » dans I Tim 6.15 : « le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs ». Et aussi dans l’Évangile de Matthieu, qui souligne la royauté du Christ sur Israël dès le premier chapitre, et qui se termine par une référence catégorique incontournable à son pouvoir sur le ciel et la terre. Ici aussi, nous avons donc le même lien étroit entre la royauté du Christ et l’Église.

Le Christ Roi

Le Christ a établi le fondement de sa royauté dans sa mort et sa résurrection, par lesquelles il a remporté la victoire sur les puissances qui lui sont désormais soumises.

Même si la destruction ultime des ennemis est réservée à une phase future, dans laquelle le « dernier ennemi », la mort, sera détruit avec d’autres puissances hostiles (1 Co 15.24-26), la défaite définitive de la mort a déjà été accomplie dans la mort et la résurrection du Christ (2 Tm 1.10). C’est pourquoi l’Apôtre peut écrire : « Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? » (1 Co 15.55).

C’est le Seigneur ressuscité qui dit aux disciples que tout pouvoir lui a été donné dans le ciel et sur la terre (Matt. 28.18).

Regnum Christi, le Royaume du Christ

Ce post est basé sur une partie de l’étude d’Oscar Cullmann sur La Royauté du Christ et l’Église dans le Nouveau Testament. L’ensemble de son étude repose sur le concept de Regnum Christi (le Royaume du Christ). Oscar Cullmann se propose de discuter des rapports entre le Regnum Christi et l’Église et d’éclairer le problème très discuté de l’Église et de l’État, qui est ancré dans la nature même du christianisme.

Pour ce même article en anglais, voir The Powerful Meaning Of Kyrios Iesous Christos.

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